
"S'il se passait quelque chose, ce serait incroyable. On sortirait ensemble, on s'embrasserait. Mais ensuite, ça serait compliqué au moment de rompre. Je ne supporterais pas tant de tristesse. Quelle misère !
_ Hey ! Calme-toi. Tu te rends compte ? Tu ne te l'es pas encore tapé que tu veux déjà rompre !"
Quoi, encore des histoires d'amour adolescentes ? Teintées de nostalgie - jusque dans le titre - de fantastique et de filles aux têtes bien trop grosses pour leur corps ? Et alors ! Si Tony SANDOVAL tourne et retourne en tous sens ces ingrédients récurrents, c'est sans aucun doute parce qu'ils font partie de lui - et de l'univers plus cohérent qu'il n'y paraît qu'il développe au fil des albums.
La nouveauté qu'il apporte ici réside dans une petite grenouille à TRES grande bouche qui rencontre, accompagne et commente la vie de l'héroïne. Anti-Jiminy Criquet, elle est avant tout là pour ouvrir la voie de l'interdit ou de "l'inosé" : aller plus loin qu'on ne s'en sent capable, faire ce dont on rêve sans franchir le pas... Vous avez dit "mauvaise conscience" ? Alors qu'il s'agit au contraire de vivre !
Le baiser-atomique qui s'en suit est bien la preuve que l'intensité du moment vaut bien toutes les "nostalgies futures du monde". A voir toutefois quelles surprises nous réserve la suite...
Car avec Futura Nostalgia, l'auteur tient enfin un outil éditorial - Muertito Press - qui lui permet de s'adonner à un format court qui n'est pas sans rappeler celui des comics qu'il affectionne. Format court et parution régulière, de quoi se permettre de luxe d'un mode presque feuilletonnesque et, pourquoi pas, de se ménager des surprises pour lui aussi.
Graphiquement, le trait est toujours aussi changeant, pertinent, tantôt ferme tantôt dissout, et les couleurs font la part belle aux aquarelles évanescentes presque inquiétantes.
La grenouille et les créatures fantastiques permettent à Tony SANDOVAL d'assouvir son amour pour le bizarre, et une petite mise en abyme via le monde des fanzines nous rappelle combien il est et reste un amoureux inconditionnel de la bande dessinée.
Malgré l'humour - souvent cru - du batracien, difficile toutefois de rire de bout en bout : dès l'ouverture, le vent se fait tempête, et le retour furieux d'un mari trompé nous rappelle que "les histoires d'amour finissent mal".
Affaire à suivre, donc, mais la nostalgie semble bel et bien au rendez-vous. On ne se refait pas...
Champimages qui ont des hauts et des bas...