Didier COMES brosse depuis plus de trente ans la vie écrasante du fond des campagnes.
Là où certains traitent ce sujet avec humour (comme Manu LARCENET et Jean-Yves FERRI dans l’excellent Retour à la terre), COMES le fait avec gravité et justesse, touchant au cœur des êtres.
Après avoir mis en scène le poids des rancoeurs et des regards intolérants dans Silence ou La Belette – dont je vous recommande la lecture dans les noir et blanc d’origine, loin des couleurs fadasses des rééditions plus récentes… - il aborde une nouvelle fois le thème de la guerre dans Dix de Der.
Qui rime si bien avec « Quelle connerie la guerre… »

Ici, le noir et blanc de la nuit sous la neige dans les Ardennes de 1944 reste immaculé malgré les morts qui se succèdent en ces ultimes journées d’affrontements germano-américaines.
Posté près du petit village de Calvaire – ça ne s’invente pas – « Le Bleu », jeune soldat qui pensait pouvoir échapper au feu et au front, se retrouve à tuer le temps dans un trou.
Entre deux explosions, sous les tirs croisés de ses ennemis et des siens, il fait la connaissance d’insolites compagnons : les morts tombés lors des combats précédents.
Des morts de tous les camps, qui ont enfin abandonnés les armes, le trépas aidant. Mais si certains fantômes l'acceptent avec philosophie, et rejouent une éternelle partie de belote, d’autres se vengent des vivants en regardant leurs corps tomber sous les balles…
Au fil des jours, la neige s’accumule, fige le temps et les hommes.
Pas de perdant ni de gagnant à l’arrivée, bien entendu.
Et tandis que la partie de cartes se poursuit, réunissant un peu plus de joueurs encore, un corbeau s’éloigne en murmurant « Et Dieu dans tout ça ? »
Mais il n’y a que l’homme. Rien que l’homme…
Champimages.
Mo' la fée 20/06/2010 00:46
Champi 20/06/2010 23:08
Champi 12/11/2006 21:59
olivier 12/11/2006 19:38
RYoGA 10/11/2006 12:59