Vous voyez ? Je ne vous avais pas menti ! La Ligue... Century, tome 1, mettait
en place tous les éléments pour une suite toute en couleurs.
Et quelles couleurs !
De l'éclatant, du virevoltant, de l'acide, du brillant, du mouvement... bref, du psychédélique ! Bien loin de l'ombre qui a toujours plané sur la mythique équipe (si l'on excepte la belle gelée rouge que les martiens avaient semée dans la Tamise, mais si, souvenez-vous, à la fin du tome 4 !).
En même temps, il ne pouvait en être autrement, en cette belle année... 1968 !!
Oui, oui, vous avez bien lui ! 58 ans ont passé depuis le tome 1, mais Miss Murray, Orlando et Quatermain "fils" n'ont pas pris une ride. Pourquoi ? Comment ? vous trouverez bien quelques explications dans les premières pages - et vous en déduirez donc, par la même occasion, pourquoi la fille du capitaine Nemo a, elle, subi le poids des ans... - mais rien ne vaudrait la lecture des Black Dossiers, encore intraduits, mais sur lesquels j'ai pu mettre la main grâce à mon envoyé spécial Dom. La classe.
Revenons à nos moutons multicolores.
Donc revoilà le trio - et possible "ménage à trois", en cette époque de toutes les expériences ? - de retour dans un Londres relifté et relooké, qui n'a toutefois pas perdu certaines habitues, notamment l'occultisme et les complots.
Car Oliver Haddo, mage séculaire dont l'ombre rôdait déjà dans le premier tome, n'a pas dit son dernier mot. Son grand plan n'a toujours pas abouti, mais il se pourrait bien qu'une nouvelle étape soit franchie, au sein de la débauche de drogue, alcool, sexe, bruits, couleurs qui s'est emparée de la capitale anglaise...
Epoque oblige, il se pourrait fort que certaines des rock-stars les plus célèbres soient impliquées dans tout cela. Et que tout finisse en musique...
Bon, vous vous en serez douté, ce nouvel opus ne m'a pas déçu.
Plus riche de références que les précédents - question d'époque sans aucun doute ! - plus riches de délires aussi - même remarque - ce tome 2 ne laisse de répit ni à l'oeil ni au cerveau : les époques s'enchevêtrent, les plans aussi, et les héros, soudain noyés dans un monde qui, malgré leurs tenues vestimentaires, les dépasse, ne sont plus que de petites marionnettes bien faibles. Même la distance et arrogante Mina perd de sa superbe et de sa contenance. Le choc des générations peut-être.
Bref, Alan MOORE sait encore nous surprendre, et tirer la substantifique moelle d'une époque et d'un lieu (et ce n'est pas ce cher Norton qui me contredira !) pour l'assaissonner à sa sauce érudite et inattendue.
Courez d'ailleurs vous procurer la magnifique monographique que les éditions Dargaud viennent de lui consacrer : de quoi peut-être (un tout petit peu) mieux comprendre ce géant faiseur d'univers.
Quant à Kevin O'NEIL, de plus en plus inspiré, il nous livre un psychédélisme intrigant et malsain, et atténue légèrement son trait anguleux pour mieux nous lancer ses images au visage.
Il continue incontestablement de se faire plaisir et, jonglant avec les époques comme son scénariste, nous plonge dans les dernières pages au coeur d'années 70 désenchantées...
Nouveau saut dans le temps prévu pour le tome 3, qui devrait se passer au début des années 2000.
Vivement !
Enfin, comme pour le tome 1, le livre s'achève par quelques nouvelles présentant de nouveaux membres de l'illustre équipe intervenus entre les deux tomes... ou les deux sagas.
Y a pas à dire : y en a à lire !
Champimages extraordinaires.