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  • : La Tanière du Champi
  • : La Tanière du Champi se veut un lieu où l'on se sent bien pour lire (surtout des BD !), discuter, jouer... Au gré des humeurs, lectures, heures de jeu, j'essaierai de vous faire découvrir tout ce qui se cache sur les étagères poussiéreuses de ce petit mo
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Cases dans le vent

Vous n'êtes pas sans savoir que, depuis quelques mois, je rédige des biographies d'auteurs de BD pour des l'encyclopédie en ligne des Editions Larousse.

Afin de vous permettre de retrouver plus rapidement l'ensemble de mes contributions, je vais essayer de les lister ici dans l'ordre de leur parution.

Bonne lecture, et n'hésitez pas à me laisser vos avis !

Champi à tout vent

David B. - Edgar .P. JACOBS - Bob de MOOR - Benoît PEETERS - François SCHUITEN - René GOSCINNY - Astérix - Manu LARCENET - HERMANN - Robert CRUMB - Osamu TEZUKA  - Jean-Pierre GIBRAT -





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28 mars 2012 3 28 /03 /mars /2012 16:43

Nu-men T1 - CouvertureQuel point commun peut-il y avoir entre le Journal, une des BD autobiographiques pionnières en France, poignante, déchirante même, réalisée en noir et blanc au début des années 90, et Nu-Men, récit de s-f (ou d'anticipation à moyen terme) hyper-protéiné mêlant mutations et complot mondial ?

 

L'auteur, bien sûr, Fabrice NEAUD, qui dès le premier tome du Journal évoquait un récit de s-f en germe, mais également certains de ses thèmes de prédilection : les corps masculins musculeux et l'autoportait (vous ne tarderez pas à croiser un personnage lui ressemblant étrangement !).

 

Dans un futur pas si éloigné que ça, comme bien souvent dans ce genre de récit, le monde est plus que jamais au bord du chaos : les mégalopoles (voire téra, voire tératopoles !!) croûlent sous le poids des laissés pour compte qui n'en peuvent plus, certains pays ont été rayés de la carte, certains peuples ont définitivement disparu, les médias, plus omniprésents que jamais, jouent à outrance la carte de la provocation, l'armée et les milices privées remplacent plus que de raison la police en sous-effectifs et surpassée, et des hommes en noir au service d'un étrange projet scientifique qui ne fait pas dans la dentelle - on n'utilise pas des tractopelles impunément ! - surveillent de très près certains phénomènes inexpliqués.

 

Justement, ce jour-là, c'est un phénomène plus qu'inexpliqué qui frappe l'Europe : un quartier soulevé par des émeutes se retrouve au coeur d'un tremblement de terre... et d'une étrange apparition lumineuse et dévastatrice (turgescente, aussi, pour le coup, mais c'est une autre histoire).

Les hommes en noir débarquent, certains militaires en prennent pour leur grade, surtout s'ils ont eu le malheur de trop en voir, quant à la population, celle qui a survécu mais qui en a aussi trop vu se retrouve embarquée manu militari.

 

Au milieu du tout cela, le Sergent Csymanovic, avec son air faussement bovin et ses bras et cuisses (et tout le reste aussi, d'ailleurs !) hypertrophiés, sauve une fillette.

Et entre de fait tête la première dans les délicats et dangereux rouages de la sombre mécanique à l'oeuvre depuis plusieurs années.

 

Bases secrètes, écrans à profusions, vocabulaire technologico-futuriste (JODO et MOEBIUS ne sont pas loin !) mais crédible quand même, violence, tensions sociales, et projet scientifique peu avouable...

Tous les ingrédients sont là. Bien dosés, dynamiques, portés par un récit qui offre peu le temps de souffler.

Bien sûr, le Sergent Csymanovic n'est pas qu'une montagne de muscle : il concentre aussi tous les traits du héros traditionnel. De manière peut-être un peu archétypale.

Autour de lui, des hommes souvent bas du front - le parti politique du Front européen, qui bénéficie du soutien de près de 30% de la population, n'y est sans doute pas étranger - et des femmes de caractère (notamment le soldat Savolainen et le docteur ... "pas de nom"), entre lesquels les dialogues fusent, efficacement la plupart du temps - il faut faire passer un grand nombre d'informations ! - mais avec là encore quelques clichés de trop parfois (dans les propos des émeutiers ou des jeunes du quartier du port, par exemple).

 

NEAUD mène toutefois bien sa barque, avec un futur malheureusement crédible et une intrigue en apparence un peu simpliste mais suffisamment riche pour se laisser lire et nous laisser nous interroger sur la suite.

 

Graphiquement, on retrouver le trait précis et souvent photographique de l'auteur du Journal, qui brosse bon nombre de portraits poussés, dessine d'impressionnantes villes de demain, et foisonne en graffiti et publicités envahissantes.

Petit bémol toutefois au niveau des fonds de case parfois un peu trop vides, et que la couleur de Jérôme MAFFRE, souvent très (trop ?) froide ne parvient pas à animer.

 

Au final, un album inquiétant, car derrière le fantastique à l'oeuvre se tapissent les nanotechnologies et les avancées techniques et bio-chimiques les plus probables et les plus liberticides. Un album qui fait mouche même si le héros semble un peu trop bon et les méchants un peu trop méchants (avec la palme pour un avatar de Crâne Rouge qui nous rappelle combien NEAUD aime les comics depuis bien longtemps !), et même si les secrets à peine dévoilés fleurent bon le énième complot mondial.

 

Attendons toutefois la suite pour totalement juger.

 

Enfin, le titre, déformation de "New-Men", est-il bel et bien un clin d'oeil de plus de la part de l'auteur pour les corps masculins dans leur plus simple appareil ? La scène de la salle de sport semble aller dans ce sens... Y a pas de mal à se faire plaisir, en même temps ! Et à aller à l'encontre des clichés misogynes souvent en vigueur dans le genre.

 

Champimages musclées dans un monde de brutes

 

Nu-Men T1 - Extrait 2

Nu-Men T1 - Extrait 1

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