Même si l'inspecteur
Gesicht - dont le visage figure sur la couverture - a du chien, Pluto n'est pas un hommage de Naoki URASAWA à Walt Disney, mais à
Osamu TEZUKA.
En effet, une des créations les plus célèbres du maître du renouveau du manga, dans les années 50, Tetsuwan Atomu (Astro le petit robot, dans la langue d'HERGE), était censé être né ... en 2003.
Lorsque la faditique année s'en vint poindre à l'horizon des calendriers, URASAWA, fort de plusieurs succès éditoriaux, dont l'incroyable Monster, frappa à la porte de la Tezuka Productions Inc pour leur proposer cette histoire...
L'affaire fut a priori rapidement conclue, et approuvée par les descendants de TEZUKA eux-mêmes.
Pluto - dont le nom évoque Pluton, le dieu des enfers dans la mythologie romaine - est une adaptation/transformation d'un des épisodes de Astro : Le Robot le plus fort du monde.
L'inspecteur Gesicht, au service d'Europol, mène une double enquête. D'une part, on a tué Mont Blanc, le robot géant ami de tous et grand pacificateur du Moyen-Orient. Protecteur de la nature. Idole des enfants. D'autre part, un militant pro-robot (car ce monde "futuriste" regorge de robots de toutes sortes), un humain, a été retrouvé mort à son domicile. Sans aucune trace biologique autour de lui. Comme si le coupable était ... un robot. Mais un robot qui enfreindrait les lois de la robotiques...(Isaac ASIMOV n'est jamais loin !)
Délicates investigations et réflexions pour l'inspecteur, qui n'est pas au bout de ses peines : un tueur de robots s'affaire. Implacable. Insaisissable. Et terriblement puissant...
Un trait classique mais très efficace, un sens de la narration et du découpage hors-pair... URASAWA ne fait pas partie des meilleurs mangaka du moment pour rien. D'autant qu'avec Pluto, il nous livre une de ces complexes histoires de complot dont il a le secret, distillant les indices, jouant avec les lecteurs en le piégeant dans ce qu'ils pensent avoir vu et compris. Et, coup de chance, Pluto n'est pas destiné à devenir une histoire-fleuve de plus, comme XXth century boys, du même URASAWA...
Cette rencontre entre deux maîtres du genre est donc une réussite.
Elle rappelle combien TEZUKA était un précurseur en tant que scénariste aussi.
Et elle montre combien URASAWA est son digne héritier.
A travers les décennies, les deux auteurs savent remettre au goût du jour un thème déjà souvent traité dans les manga : le degré d'humanité et d'indépendances des robots. Ou leurs travers inhumains quand surviennent certaines situations.
"Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?" Au vu de ce qu'ils vivent, parfois, on pourrait penser que ce serait mieux pour eux...
Champimages en flash-back.