Alors que le couverture du dernier tome paru en français de The Goon se teinterait presque de couleurs lumineuses - cachez ce jaune soleil que je ne saurais voir ! - le contenu en est résolument plus sombre.
Peut-être parce que le Goon, et Frankie, son éternel bras droit - un bras bien habile à distribuer les coups - partagent l'affiche avec des êtres encore plus sombres et tourmentés qu'eux (si, si, c'est possible ! ) : d'une part, Busard, avec lequel ils ont déjà eu maille à partir, mais qui aujourd'hui marche - et frappe - à leurs côtés, et de l'autre Labrazio, l'ennemi juré du Goon, revenu d'entre les morts (ce n'est certes pas le premier, mais il n'est pas des moindres).
Busard, oiseau de mauvais augure, comme toujours, vient porter au Goon des nouvelles de l'enfer - ou en tout cas du sous-sol de la forêt voisine, ce qui peut revenir au même dans le trou perdu où tout ce petit monde évolue, et surtout stagne - qui, évidemment, ne peuvent être bonnes.
Quant à Labrazio, fort d'une équipe toujours plus large, mauvaise, maudite, efficace, alliant puissance physique, cruauté et magie, il considère qu'il est grand temps de se montrer au grand jour - ou en tout cas à la glauque lumière qui en tient lieu.
Le village est maudit.
Le Goon est maudit.
Et la belle blonde qui est de retour par ici n'est pas la bienvenue.
Heureusement restent les enfants, amis du Goon de la première heure, toujours prompts à rires - de leurs belles dents avariées - et à mettre des pétards dans (presque) tous les orifices de l'horrible créature qu'ils ont attrapée dans une fosse de drainage. Il y en a qui savent s'amuser !!
Mais le rire ne dure pas. Pas plus que le bonheur. "Le bonheur, c'est pour les lavettes" confie Frankie, yeux fatigués, à son pote de toujours qui hésite à quitter cet endroit maudit.
Donc, si le bonheur lui-même n'est plus, ne reste que ... la guerre...
Noir, c'est noir.
Bien sûr, Eric POWELL sait parsemer ses histoires courtes de dialogues croustillants et de situations drôles qui permettent de ne pas sombrer dans la dépression qui avale tout sur son passage, page après page.
"Mais Bill, ça se fait pas ! Tu n'peux pas tremper un chat de gouttière dans un seau de chocolat et l'becter !"
Bien sûr, ça castagne toujours autant, à l'aide de tous les objets qui peuvent croiser la route du Goon : hachoir, tuyau métallique, parpaing...
Mais le plaisir laisse souvent place à la tristesse, la noirceur, l'irrémédiable...
Et c'est pas l'histoire de Busard qui occupe la deuxième moitié du tome qui permet de vraiment retrouver sourire et entrain : personnage tourmenté s'il en est, Busard s'enfonce dans les entrailles d'un château maudit où la mort a élu domicile...
Si les histoires d'Eric POWELL se font plus grave, elles n'ont rien perdu de leur vigueur graphique : action à tous les étages, visages déformés, expressifs, succulents, et toujours une belle galerie de portraits. Espérons que l'humour sera de retour dans le tome suivant, car POWELL sait être très très sombre quand il le veut.
Pour patienter, et profiter d'une belle "morve vivante" comme on les aime, allez faire un petit tour sur le site du film qui est en préparation, notamment pour y voir ce petit extrait qui nous plonge parfaitement dans l'ambiance.
Vivement !
Champimages qui bougent encore.