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Cases dans le vent

Vous n'êtes pas sans savoir que, depuis quelques mois, je rédige des biographies d'auteurs de BD pour des l'encyclopédie en ligne des Editions Larousse.

Afin de vous permettre de retrouver plus rapidement l'ensemble de mes contributions, je vais essayer de les lister ici dans l'ordre de leur parution.

Bonne lecture, et n'hésitez pas à me laisser vos avis !

Champi à tout vent

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3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 22:07

le-canard-enchaine.jpg

 

Quand on est "fâché avec le genre humain", comme dit le poète, il existe plusieurs remèdes. L'un d'eux a pour nom Roberto Saviano. C'est un écrivain. Il n'a que 32 ans. Il est connu pour avoir écrit "Gomorra : dans l'empire de la camorra", ce livre sur la mafia dont a été tiré un bon film. Depuis, il vit dans la clandestinité, sous surveillance policière constante. On aurait tort de croire que pour lire Saviano il soit indispensable d'être passionné par toutes ces histoires de corruption, de trafics, de règlements de comptes, de bandes rivales napolitaines et siciliennes. Car s'il parle, certes, de tout cela, au fond, c'est de bien autre chose qu'il parle : de liberté, de notre liberté à tous. A lire son dernier ouvrage (1), on pense, excusez du peu, à George Orwell. La même simplicité d'expression. Le même dégoût du mensonge, le respect des mots, le courage physique.

 

Dans ce livre, Saviano reprend les textes qu'il a écrits pour une émission de télévision qu'il anima l'an dernier sur la RAI, et y connut un grand succès.

 

De quoi parlait-il ? Au fond, de courage. Qu'il raconte comment le juge Falcone, avant d'être tué par la mafia, fut victime de ce qu'il appelle "la machine à salir" (il se fait sa pub, il est mégalo, il se prétend meilleur que nous alors qu'il ne pense qu'à son propre intérêt, etc.) mais y résista. Qu'il évoque Piergiorgio, ce jeune homme atteint de dystrophie musculaire dégénérative, qui mena bataille non pour le droit à l'euthanisie mais pour que soit inscrite dans la loi la possibilité de refuser l'acharnement thérapeutique. Qu'il parle d'un curé ayant osé défier la mafia en installant dans l'ancienne maison d'un boss une association d'aide aux handicapés... Chaque fois il s'agit de personnes qui ne baissent pas les bras. Qui tiennent bon, face aux violents, aux puissants, à ceux qui se croient tout permis, affranchis de toutes les règles. Qui tiennent bon pour eux-mêmes, mais pas que : pour nous, aussi. Avant tout, dit Saviano, se battre pour que soit respecté le droit. "Falcone adorait vivre, il voulait vivre. Mais il savait que l'on ne peut être heureux que si les autres peuvent l'être aussi. Et que le droit est l'unique fondement du bonheur."

 

Voyez le tremblement de terre à L'Aquila. Saviano décrit un à un les étudiants qui se trouvaient dans la Maison de l'étudiant cette nuit-là et y perdirent la vie. Et montre que c'est parce que l'immeuble n'avait pas été construit selon les normes, parce que les élus et les experts avaient détourné les yeux que ces jeunes gens sont morts. "C'est seulement quand survient la tragédie, le drame que nous comprenons vraiment que les règles ne sont pas un moyen de brider les affaires, de mettre les entreprises en difficulté, mais au contraire un moyen de protéger la vie et de donner, à tous, la possibilité de vivre sereinement."

 

En cette période où les bonimenteurs haussent le ton, Saviano est d'utilité publique. Il prend les mots au sérieux. Il a des convictions. Il est contre la liberté du loup dans le poulailler. Il se bat pour le "genre humain".

 

 

Jean-Luc PORQUET, 29 février 2012

 

(1) "Le combat continue : résister à la mafia et à la corruption", Robert Laffont.

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