Les chemins de traverses qui m'entraînent loin de ma Tanière - m'en excusera-t-elle jamais ! - sont non seulement chronophages -
d'où mes absences répétées, que d'aucuns pourraient qualifier, à raison, de négligence... - mais également mnémophages, si je puis dire.
En effet, quand plusieurs semaines - voire mois ! - ont passé entre le moment où j'ai lu un livre et le moment où je vous en parle... comment dire... mes neurones ont quelque peu fait le
vide.
J'aurais donc bien du mal à vous rendre compte par le menu du contenu des Faux-monnayeurs, d'André GIDE (un auteur que je ne peux lire sans avoir une
pensée pour Dominique).
Certes, le livre est épais, et riche en personnages. Mais tout de même... Je devrais avoir honte.
Nous voici donc sur les pas de Bernard, d'Olivier, et de leurs vies riches en rencontres et expériences. Autant de prétextes à André GIDE pour évoquer la religion (forcément), les relations
amoureuses de toutes sortes (forcément, bis), la littérature (forcément, ter). Le tout servi parfois (souvent ?) avec un certain cynisme.
Plutôt qu'un long discours lacunaire, quelques morceaux choisis.
"Son aventure avec Laura lui paraissait, suivant les heures du jour, ou monstrueuse ou toute naturelle. Il suffit, bien souvent, de l'addition d'une quantité de faits très simples et très
naturels, chacun pris à part, pour obtenir un total monstrueux."
"Mon coeur ne bat que par sympathie; je ne vis que par autrui; par procuration, pourrais-je dire, par épousaille, et je ne me sens jamais vivre plus intensément que quand je m'échappe à
moi-même pour devenir n'importe qui".
"Le voyageur, parvenu au haut de la colline, s'assied, et regarde avant de reprendre sa marche, à présent déclinante, il cherche à distinguer enfin où le conduit le sinueux chemin qu'il a
pris, qui lui semble se perdre dans l'ombre et, car le soir tombe, dans la nuit. Ainsi l'auteur imprévoyant s'arrête un instant, reprend son souffle, et se demande avec inquiétude où va le mener
son récit."
"Avez-vous remarqué que, dans ce monde, Dieu se tait toujours ? Il n'y a que le diable qui parle. Ou du moins (...) quelle que soit notre attention, ce n'est que le diable que nous parvenons à
entendre... Nous n'avons pas d'oreilles pour écouter la voix de Dieu."
Le tout est que nous ayions des yeux pour nous plonger dans les très riches lignes d'André GIDE.
Champittéraire.