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PrÉSentation

  • : La Tanière du Champi
  • : La Tanière du Champi se veut un lieu où l'on se sent bien pour lire (surtout des BD !), discuter, jouer... Au gré des humeurs, lectures, heures de jeu, j'essaierai de vous faire découvrir tout ce qui se cache sur les étagères poussiéreuses de ce petit mo
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Cases dans le vent

Vous n'êtes pas sans savoir que, depuis quelques mois, je rédige des biographies d'auteurs de BD pour des l'encyclopédie en ligne des Editions Larousse.

Afin de vous permettre de retrouver plus rapidement l'ensemble de mes contributions, je vais essayer de les lister ici dans l'ordre de leur parution.

Bonne lecture, et n'hésitez pas à me laisser vos avis !

Champi à tout vent

David B. - Edgar .P. JACOBS - Bob de MOOR - Benoît PEETERS - François SCHUITEN - René GOSCINNY - Astérix - Manu LARCENET - HERMANN - Robert CRUMB - Osamu TEZUKA  - Jean-Pierre GIBRAT -





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15 avril 2010 4 15 /04 /avril /2010 20:25

Les passagers anglaisSi l'article précédent évoquait une coïncidence, c'est parce que le jour de la visite de la Cathédrale d'images, j'ai achevé (enfin !) la lecture des passagers anglais, de Matthew KNEALE.

 

Récit au long cours - et pas seulement parce qu'il s'étale sur plus de 700 pages ! - les passagers anglais tisse des histoires au fil de l'Histoire, sous forme de chapitres croisés rédigés par des narrateurs successifs qui donnent chacun aux événements leur version et leur tonalité.

 

Soit le capitaine Illian Quillian KEWLEY, marin mannois fraîchement auto-promu capitaine de la Sincérité, et bien décidé à en faire la source première de sa fortune facile quoique peu licite. Mais dès les premières pages, pour un mot malheureux prononcé à bord, le destin semble se noircir, durablement...

 

Soit le révérend Geoffrey WILSON, homme d'Eglise féru de géologie, persuadé que les vestiges du Jardin d'Eden se trouvent... en Tasmanie (là, vous devez commencer à pressentir l'explication de la coïncidence sus-nommée...). Partageant ses vues avec un riche compatriote, il se retrouve à la tête d'une expédition destinée à changer la face du monde...

 

Soit Peevay, aborigène en proie aux "bienfaits" de la colonisation anglaise dès son plus jeune âge, et persuadé qu'un des moyens de combattre les envahisseurs est de les connaitre de l'intérieur. Héritant du persévérant (doux euphémisme) caractère de sa mère, il s'attèle donc à cette lourde et longue tâche...

 

De nombreux autres protagonistes émaillent cette vaste et riche fresque qui navigue des années 1820 aux années 1870, et qui se joue des destins et des existences avec malice et fatalité. Car la marche de l'Histoire, souvent à pas cadencé, est inéluctable.

 

Les péripéties s'enchaînent souvent avec humour, les prises de bec entre le révérend et le docteur Thomas POTTER, lui aussi embarqué à la recherche de l'improbable Eden, sont croustillantes, mais ce vernis souriant s'écaille souvent lorsque la voix des aborigènes se fait entendre.

Entre les craquements des branches de la forêt d'où on les chasse, et les pas des bagnards reconvertis en colons.

 

Intéressante leçon d'histoire en toute humilité, récit maritime presque haletant, en tout cas riche en rebondissements, kaléidoscope culturel... Les passagers anglais est donc bien plus qu'un simple roman. Presque un long voyage en fait...

 

"C'est difficile (...) d'avoir de l'amour dans un endroit de mort, car parfois on a l'impression que c'est perdu d'avance., et alors on n'ose pas s'abandonner à sa joie."

 

Champittéraire.

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12 avril 2010 1 12 /04 /avril /2010 11:27

La tête en friche - Couverture"J'ai décidé d'adopter Margueritte. Elle va bientôt fêter ses quatre-vingt-six ans, il valait mieux pas trop attendre. Les vieux ont tendance à mourir."

 

Avec son style toujours direct et ses mots justes - car peu nombreux - Germain nous raconte, à coups de très courts chapitres, sa rencontre improblable avec cette petite vieille dame - lui le colosse aux mains habiles.

Une histoire presque d'amour qui lui donne l'occasion, pour une fois, de parler de sa vie.

Sa mère, sa caravane, son potager, Annette, ses potes, ses petits boulots, son Opinel, le bar, et les mille réflexions qui le taraudent de plus en plus, entre deux définitions du dictionnaire.

 

Car lui qui a longtemps été fâché avec les livres, et la lecture sous toutes ses formes, se retrouve, entre deux comptages de pigeons sur un banc public, capturé par l'esprit cultivé - pas tout à fait comme son jardin, mais pas loin - curieux et merveilleusement ouvert de Margueritte, qui, quand elle ne se perd pas dans l'observation des oiseaux, lit, elle.

 

Avec La tête en friche, Marie-Sabine ROGER marie humour et tendresse pour nous raconter cette impossible rencontre entre deux êtres, deux mondes. Autour des mots. Ceux que Germain ne trouve pas forcément pour exprimer ce qu'il pense - s'attirant ainsi les rires moqueurs de ses copains de comptoir - et ceux que Margueritte prend le temps de lire avec passion, et d'expliquer, si besoin, sans jugement.

 

En donnant de la voix à Germain, l'auteure jongle avec les registres de langage, déforme les expressions, et cultive avec bonheur le sens du bon mot.

 

"La façon de donner vaut mieux que ce qu'on donne, comme disait ma mère qui ne donnait jamais rien."

 

"Réfléchir, ça m'aide à penser."

 

"Alors, c'est ça la vie : ou t'es fort, ou t'es mort ?

Tu parles d'un choix à la con."

 

Implacable logique de cet homme mal aimé et mal élevé (comme il le dit lui-même) qui réalise un beau jour que "se cultiver, c'est tenter de grimper en haut d'une montagne."

"Ca doit foutre méchamment le tournis, de toujours voir la vie en contrebas.

Moralité, je vais m'en tenir à mi-pente, et bien heureux si j'arrive à grimper jusque là."

 

Sans complaisance, sans miévrerie, sans condescendance.

Juste avec humanité.

Comme un bol d'air.

 

Champi en friche aussi.

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17 mars 2010 3 17 /03 /mars /2010 10:18
La France vue du sol - CouvertureToute ressemblance avec un titre déjà vu n'est bien sûr que fortuite.

Soit trois auteurs irriguant régulièrement les pages de Fluide Glacial : Pascal FIORETTO, assigné aux chroniques "pipoles" qu'il brosse avec un certain sens de l'auto-dérision, Vincent HAUDIQUET qui promène son crâne luisant et ses aphorismes à grands coups de boomerang - qui s'appelle "revient", forcément ! - et Bruno LEANDRI, architecte de la Grande Encyclopédie du Dérisoire, indispensable outil à tout esprit curieux et/ou dérangé.

Nos trois reporters sont donc partis à la découverte des quatre coins de l'hexagone, outre-mer compris.
A raison de deux pages par département, ils en ont compilé histoire, économie, climat, spécialités culinaires, curiosités locales... à la manière du Guide du Routard.
L'humour fin ou potache (sans vouloir être péjoratif !) est bien sûr au rendez-vous, entre les cartes complétées avec inspiration, les photographies légendées avec un décalage certain, et les trouvailles historico-géographico-socio-traditionnelles qui semblent parfois tellement fausses qu'elles ne peuvent qu'être vraies (je ne sais pas si je suis très clair, là !).

Le sourire est presque toujours au rendez-vous, mais se change rarement en éclats. Dommage. Les idées sont bonnes, parfois un peu trop exploitées ou un peu trop faciles, mais l'exercice est plutôt difficile.
Tirons notre chapeau à leur inusable comique de répétition qui fait de la Dent du Diable, repère du célèbre Mandrin, l'un des fleurons de nos paysages, toutes régions confondues.

Aucun département n'est épargné, mais derrière la causticité flotte toujours un petit parfum d'attachement, et les véritables informations qui émaillent chaque article (si ! si !) nous rappellent combien la France est vaste - surtout vue du sol ... - et que bon nombre de départements nous sont encore peu familiers.
L'envie d'aller arpenter ces terres redécouvertes sac au dos, guide en main et sourire aux lèvres, se fait alors jour. Les spécialités "françoises" nous attendent, à commencer par l'humour, qui est sans doute et tout à la fois le meilleur apéritif, plat de résistance et digestif, que l'on peut y trouver. Ce qui n'est pas rien.

Champi vu du livre.

(Et pour les amateurs de voyages en décalages, je vous rappelle que le San Sombrèro ou les Lieux imaginaires vous attendent...)
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18 janvier 2010 1 18 /01 /janvier /2010 09:11
Dictionnaire des lieux imaginaires"L'univers que nous appelons réel a des frontières infranchissables à l'intérieur desquelles le principe bien établi selon lequel deux corps (et moins encore deux montagnes) ne peuvent pas occuper en même temps le même lieu est observé rigoureusement. Le livre que vous avez entre les mains est issu de l'antipathie que peuvent inspirer des règles aussi intransigeantes."

Il fallait bien le talent protéiforme et labyrinthique d'Alberto MANGUEL, ici avec la collaboration de Gianni GUADALUPI, pour se livrer à une si vaste et encyclopédique expédition : celle de plonger au coeur des mondes auxquels on ne peut accéder que par les livres.

Si certains sont bien connus (l'Eldorado, l'île de Robinson Crusoe, la Lorien) qui connaît ou se souvient de Bachepousse ? Tapinois ? Lapinville ? (non, Lewis TRONDHEIM n'est pour rien dans l'existence de ce lieu-là, contrairement aux apparences !).

Ouvrage à butiner, feuilleter, découvrir au gré des caprices du hasard, le Dictionnaire des lieux imaginaires, plus qu'un guide de voyage, est un carrefour de l'imagination : noeud de mille sentiers souvent à peine défrichés, il nous invite au chemin de traverse, à la marche buissonnière, au pas de côté qui permet de soudain constater que derrière notre grise réalité se cache le plus captivant des univers.

Charge à nous de laisser nos pensées s'y échapper. A défaut de nos corps...

Champi cartographe
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19 décembre 2009 6 19 /12 /décembre /2009 19:01
De l endive, de la coiffure et des mondes parallèlesSous-titré "Entretiens de Plan et Duplan avec Plonk et Replonk", ce livre au titre évocateur annonce la couleur.

Pas tant parce que Plan et Duplan sont Antoine DUPLAN, journaliste suisse et polyvalent (cinéma, guitare électrique, et non-sens découvert grâce à "John Lennon et le Concombre Masqué" - je cite !-), que parce que Plonk et Replonk sont la célèbre et déjantée équipe - tout autant suisse - dont je vous ai déjà parlé ici.

Voilà donc l'improbable duo aux prises à de questions particulièrement existentielles, et pas seulement parce qu'elles évoquent les endives, sujet ô combien polémique... Leurs deux cerveaux seront-ils suffisants pour nous dévoiler des mystères aussi profonds que "Est-ce Dieu ou est-ce le Diable qui a inventé le sudoku ?" , "Quel est votre modèle théologique en matière de coiffure ?" ou "Peut-on se pacser avec soi-même ?"

Avec sérieux et professionnalisme, Plonk et Replonk ne se laissent démonter par aucune question et, puisant à la fois dans la science et dans leur imagination débordante - et inquiétante ! - ils développent avec humour des réponses auxquelles nous ne pouvons qu'adhérer, sourire aux lèvres...

Certes, tout n'est pas hilarant, et certains travers finissent pas apparaître - nous pourrons alors parler de comique de répétition, et tout leur sera pardonné ! - mais sans lire De l'endive, de la coiffure et des mondes parallèles d'une traite, vous ne vous en rendrez pas compte. Vous pourrez ainsi profiter de l'essence même de l'ouvrage, grand écart entre absurde et ... non-sens.
C'est dire.

Champive


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26 novembre 2009 4 26 /11 /novembre /2009 14:04
"C'est un vieil homme debout à l'arrière d'un bateau. Il serre dans ses bras une valise légère et un nouveau-né, plus léger encore que la valise. Le vieil homme se nomme Monsieur Linh. Il est seul à savoir qu'il s'appelle ainsi car tous ceux qui le savaient sont morts autour de lui."

Ainsi commence ce petit passage de la vie de Monsieur Linh que Philippe CLAUDEL - dont il a déjà été question ici - accompagne dans sa traversée des océans, allant d'un pays en guerre qui lui a tout pris à une grande ville inconnue où il espère offrir à Sang diû, sa petite fille, un avenir.

Lentement, il essaie d'apprivoiser la vie dans cette ville et tente de surmonter la peur de ce monde grouillant qui pourrait à tout instant lui enlever sa petite fille.
Malgré les moqueries de ses rares compatriotes, qui partagent avec lui un centre d'accueil, ou l'incompréhension de cette foule pressée qui parle une langue qu'il ne connaît pas, il finit par reprendre pied et partir à la découverte de ce nouveau monde si froid.
Sa petite fille solidement emmaillottée et serrée contre lui, il longe un trottoir, découvre un parc, s'asseoit sur un banc...

Avec simplicité et sensibilité, Philippe CLAUDEL brosse en quelques pages le portrait d'un homme prisonnier de ses souvenirs et de sa langue, sa rencontre avec la ville et un de ses habitants, et ses heurts face à un univers anonyme et indifférent.

Accroché à sa petite fille comme au dernier fil le reliant à la vie, Monsieur Linh puise dans son amour pour Sand diû la force nécessaire pour tenir, malgré tout, parce qu'elle n'a plus que lui, parce qu'il n'a plus qu'elle.

Nul besoin de scènes déchirantes ou d'un style larmoyant pour rendre l'errance du vieil homme, ses angoisses et ses bouffées de bonheur.

Et jusqu'à la dernière page, l'auteur sait nous surprendre, en toute simplicité.

Touchant et universel, La petite fille de Monsieur Linh nous rappelle combien nous sommes fragiles, et combien, pourtant, nous pouvons tenir bon.

Champittéraire
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15 novembre 2009 7 15 /11 /novembre /2009 10:33

"Mon père s'était lié avec lui (...) d'une de ces amitiés anglaises qui commencent par exclure la confidence et qui bientôt omettent le dialogue."
Tlön Uqbar Orbis Tertius



"Il ne travailla pas pour la postérité ni même pour Dieu, dont il ne connaissait pas les préférences littéraires."
Le miracle secret



"L'homme vit dans le temps, dans la succession, et le magique animal dans l'actuel, dans l'éternité de l'instant."
Le Sud
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8 novembre 2009 7 08 /11 /novembre /2009 19:36
Que celui qui n'a jamais reçu de spam me jette la premièr pierre...

MAHLER (pas le compositeur, l'autre !) n'en fera en tout cas rien, puisqu'il a pu réaliser un livre entier à partir de ceux qu'il a reçus.

Avec son génie habituel, il ne s'est toutefois pas contenté de compiler les messages d'auteurs hétéronymes qui ont atterri dans sa boîte : il a tenté d'imaginer l'apparence de leurs expéditeurs à partir de leur nom et de certains extraits des messages en eux-mêmes.

Et cela donne donc Spam, mot entré dans les moeurs bien après son apparition dans la foisonnante bouche des Monty Pythons, et surtout recueil d'improbables portraits jonglants avec les identités factices et les messages à caractère bien souvent pornographique (les spams visant en priorité les messieurs les moins favorisés par la nature, si je puis dire...).

Chaque portrait sonne juste, parfaite alchimie entre un nom souvent créé de toute pièce (comme si le bottin universel avait été consulté !) et des extraits qui, hors contexte, prêtent davantage à rire qu'à se lamenter sur les aléas de notre anatomie...

Le dessin, relativement minimaliste, comme toujours avec MAHLER, ne manque d'aucun détail, et nous rappelle combien l'humour, bien plus que les spams, est universel...

Champinternet


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8 novembre 2009 7 08 /11 /novembre /2009 10:28
Je ne remercierai jamais assez le Jardin des Méditerranées, dont je vous ai déjà fort longuement parlé ici.

Pas uniquement pour l'enchantement permanent qu'il fait naître dans chacun de ses recoins, mais également pour sa riche et foisonnante librairie, dans laquelle j'ai découvert Ecorces, Voyage dans l'intimité des arbres du monde.

Cédric POLLET, photographe et ingénieur paysagiste, nous emmène dans un extraordinaire voyage autour du monde, ou plutôt autour des mondes.

A chaque pays, un arbre ou une plante.
A chaque plante, une écorce ou une peau.
A chaque peau... une cartographie de l'étrange, de l'ailleurs, du rêve.
Courbes, craquelures, noeuds, rejetons... composent des paysages fantastiques et fantasmagoriques, ouvrent des horizons insoupçonnés sur des ailleurs tout près dans lesquels on aimerait se perdre, tout simplement...

Rarement livre nous aura rappelé combien le monde qui nous entoure est multiple, et combien il suffit souvent de le regarder d'un peu plus près, un peu mieux, un peu plus longtemps, pour en découvrir la richesse.

Ecorces, ou la clef des mondes emboîtés qui n'attendent que nos regards brillants d'aventure.

Ecorces, pour nous rappeler qu'il ne tient qu'à nous de réinvestir en permanence le quotidien par le rêve...

Champi transporté

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12 octobre 2009 1 12 /10 /octobre /2009 10:43
"Le « problème du public », c’est qu’il est un aveugle mené par des aveugles."

Convoquant John DEWEY et MACHIAVEL dans son introduction au Public fantôme, ouvrage de Walter LIPPMANN, Bruno LATOUR remet au goût du jour quelques réflexions politiques salutaires.

"Si vous voulez qu’on reprenne confiance dans la démocratie, alors il faut d’abord
la décharger des illusions qui ont transformé le rêve d’une vie publique harmonieuse en un cauchemar.
"

Le site internet du sociologue offre à lire la fameuse introduction, ainsi qu'une vingtaine de pages de l'ouvrage en question.

Alléchant.

Champittéraire
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