(...) S'il s'agit de questionner l'impératif moral qui accompagne le recyclage ("ne pas trier,c'est mal"), les enjeux se situent à une échelle tout autre. Tout d'abord, dans les pays riches comme le nôtre, les déchets ménagers représentent à peine plus de 5%, en poids, de l'ensemble des déchets engendrés. En ce sens, le recyclage ménager ne vise que la partie émergée de l'iceberg. Or, en dépit d'incitations fiscales, qui se durcissent, les déchets industriels sont encore peu triés.
Le leurre du recyclage réside ensuite dans le fameux "point vert". Vous savez, ce logo - deux flèches courbées et inversées dans un cercle - apposé sur nombre de produits de consommation. Il ne garantit nullement que l'objet soit recyclable. Pensez-vous ! Il indique simplement que son fabricant contribue au financement global des filières de recyclage. Ainsi les industriels français s'achètent-ils une image "écolo-friendly" à bon compte : ils ne s'engagent pas à produire des biens recyclables et, de surcroît, ne financent que 30 à 50% du coût de collecte et de traitement des déchets recyclables - contre 100% en Allemagne.
Enfin, bien loin de générer des recettes, le recyclage peut représenter un coût pour les collectivités. Le système mis en place pour les ramasser séparément, les transporter, les trier, les revendre est lourd et onéreux. Le tri est souvent mal fait par les habitants : un quart des déchets arrivant en centre de tri son impossibles à recycler et partiront en enfouissement. Et tous les matériaux ne rencontrent pas le même succès à la revente : malgré un doublement des quantités collectées entre 2000 et 2007, les plastiques usagés continuent de n'être que faiblement recyclés et ne génèrent guère de recettes.(...)
Extrait de l'article "Les décharges de Coimbatore", par Jérémie CAVE, à lire dans le Tigre n°05