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Zombillénium T1, deuxième !
(Oui, car vous ne vous en êtes pas rendu compte, mais j'avais finalisé une jolie première mouture dimanche soir et pof ! J'ai oublié de la sauvegarder. Et mon petit Overblog préféré n'a pas jugé bon d'en faire une sauvegarde de secours. No comment !)
"Au nom de la direction et du personnel du parc d'attraction Zombillénium, je vous félicite pour votre embauche au poste de vendeur de barbes à papa.
Je suis Francis Von Bloodt le directeur, et voici Sirius Jefferson, directeur du personnel, et Aton Noudjemet, assis à côté de vous, qui va vous expliquer le job.
Ah, j'allais oublier : c'est un contrat à durée indéterminée..."
Un entretien d'embauche presque banal dans un cadre qui l'est un peu moins : la banquette arrière d'une voiture.
La voiture qui vient de percuter Aurélien Zahner.
Et de le tuer.
Mais les deux petits trous écarlates qui ornent à présent son cou délicat attestent de la nouvelle vie qui l'attend, ou plutôt de la nouvelle non-vie car, comme son nom l'indique, Zombillénium est un parc d'attraction qui emploie essentiellement des zombies, et plus largement des non-morts en tout genre.
Francis ? Un vampire bien sûr ! Sirius, un squelette, et Aton, je vous laisse deviner comme des grands quel rôle il joue dans la bande (ah ah).
Zombillénium, quelque part dans les environs de Valenciennes ("Au Nord, c'était chez Sauron..."), célèbre pour sa grande roue, son grand huit, son train fantôme, mais surtout pour son personnel hors-norme. Un secret qu'il faut bien garder pour ne pas effrayer (plus que de raison) les humains qui fréquentent les attractions.
"Un cauchemar où les familles viennent se divertir pendant leurs congés et dont vous faites désormais partie du staff."
Cauchemar, c'est le mot, car Aurélien a bien du mal à réaliser ce qui lui arrive. Mais une fois le contrat signé, il va sang (ah ah) dire qu'il n'a plus trop le choix.
Heureusement que Gretchen, jeune et jolie sorcière stagiaire arrivée en même temps que lui, veille au grain tout en vendant les ballons multicolores dont les enfants raffolent.
Et en matière de grain, Zahner serait plutôt du genre pop corn quand on voit sa réaction aux aboiements intempestifs du petit toutou à sa mémère qui vient se planter devant sa carriole à friandises : quelques secondes suffisent pour que toutou et mémère cessent d'importuner le monde entier, mais ce n'est pas pour plaire à la direction...
Parlons-en de la direction : sous la férule de Mr Béhémoth (dont le nom suffit à faire trembler les actionnaires, on les comprend), le parc doit s'attendre à faire de drastiques économies.
"Je dois vous annoncer que nous avons désormais le triste privilège d'être derrière Vulcania."
L'arrivée d'Aurélien sauvera-t-elle le parc de plan social qui se profile ?
En tout cas, elle n'est pas très bien vue par les zombies qui régnaient jusque-là en maîtres sur Zombillénium (à ce propos, je vous charge de trouver la "pinaille" qui concerne l'un d'entre eux !).
La guerre est déclarée.
Il suffit de lire quelques pages de ce premier tome pour se rendre compte à quel point Arthur de PINS semble s'être fait plaisir : rythme, dialogues, personnages, découpage, tout s'enchaîne avec entrain, parfois frénésie, et la plupart du temps brio.
L'auteur, découvert dans les pages de Fluide Glacial avec ses Péchés Mignons, a opté pour un trait moins rond et plus réaliste pour passer de la dentelle aux asticots. Les lignes restent toutefois assez épurées, parfois empreintes du charme désuet des illustrations publicitaires des années 50 et 60.
Les expressions des personnages sont soignées, notamment au niveau de leur "jeu oculaire" et les décors sont suffisamment dépouillés pour rester signifiants sans surcharger les cases.
Seul petit bémol peut-être : la mise en couleur, numérique (l'auteur en est un spécialiste), un peu trop froide parfois. Certes, elle rend à merveille la grisaille qui règne sur le Grand Nord de notre douce France, mais le résultat est parfois un peu terne.
Saluons cette belle réussite qui, avec un humour bien maîtrisé jouant sur les décalages entre situations réelles (les conditions de travail dans les parcs d'attraction, le monde de l'entreprise et la pression qu'il génère) et personnages fantastiques (issus d'un large mais classique répertoire), fait sourire avec intelligence, légèreté, et finalement une certaine classe.
Le récit est dense, le découpage efficace, et les rebondissements tiennent en haleine jusqu'au bout.
En prime, les clins d'oeil ne sont pas trop nombreux mais pertinents ("And no one's gonna save you from the beast about to strike..."), les personnages sont attachants, bref, l'envie ne manque pas de lire la suite.
Belle réussite, donc, au pays des zombies. Où, comme dans tous les pays, on s'amuse, on pleure, on rit, etc...
Champimages qui ont un peu une tête de déterrées quand même.