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Cases dans le vent

Vous n'êtes pas sans savoir que, depuis quelques mois, je rédige des biographies d'auteurs de BD pour des l'encyclopédie en ligne des Editions Larousse.

Afin de vous permettre de retrouver plus rapidement l'ensemble de mes contributions, je vais essayer de les lister ici dans l'ordre de leur parution.

Bonne lecture, et n'hésitez pas à me laisser vos avis !

Champi à tout vent

David B. - Edgar .P. JACOBS - Bob de MOOR - Benoît PEETERS - François SCHUITEN - René GOSCINNY - Astérix - Manu LARCENET - HERMANN - Robert CRUMB - Osamu TEZUKA  - Jean-Pierre GIBRAT -





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25 janvier 2016 1 25 /01 /janvier /2016 11:05
Marzi T1

Après deux mois consacrés à l'actualité BD, k.bd se replonge dans les mois à thème qui ont fait sa réputation.

Au programme en février - il faut donc bien un peu anticiper ! - "Enfance", à travers des livres relatant l'enfance (justement) du narrateur.

Ou de la narratrice, en ce qui concerne Marzi, jeune fille qui nous entraîne dans la Pologne des années 80.

Un pays et une époque dont nous avons sans doute une image un peu caricaturale, faite de froid, de files d'attente, de froid, de pouvoir central oppressant, de froid, de privations, de froid et d'une religion sans aucun doute omniprésente et pesante (et de froid).

J'ai donc abordé le tome 1 (de cette série qui en compte 6, réalisés entre 2005 et 2011) en espérant pouvoir faire voler en éclat mes idées reçues.

Marzi - avatar de Marzena SOWA, la scénariste - habite un grand et gris HLM. Une ou deux chambres par appartement, six étages, un ascenseur qui fonctionne et qui offre mille occasions de jouer aux nombreux enfants qui y vivent et qui font de la cage d'escalier leur terrain de jeu quand il fait trop froid (comment ça, j'insiste ?).

La vie semble rythmée par les jeux avec les voisins et par l'utilisation des tickets de rationnement qui permettent - quand les magasins ont été livrés - d'avoir de la viande, des oranges ou du pain. Le tout est d'avoir la patience d'attendre en files disciplinées et d'espérer que les stocks seront suffisants pour pourvoir aux besoins de tous les clients.

Quand elle ne joue pas avec ses amis de palier, Marzi semble assez silencieuse et solitaire. Sa mère ne semble pas très tendre avec elle - et vice-versa - tandis que son père, qu'elle semble adorer, rapporte chez eux de quoi égayer le quotidien : carpe pour respecter la tradition annuelle, livre d'histoires pour sa fille, diapositives pour enchanter les enfants.

Sa mère, plus dévote (elle ne part pas avant la fin de la messe, elle !) rapporte plutôt des images du pape visitant sa Pologne natale (nous sommes à l'époque de Jean-Paul II) et passe des jours entiers à l'église quand la petite famille part à la campagne.

Car la vie de Marzi alterne entre vie des villes et vie des champs, où les hommes triment dur, parlent peu, boivent beaucoup, tandis que les femmes cuisinent et prient. Les animaux, la neige, les mille et un outils sur l'établi amusent les enfants, mais là encore Marzi est souvent seule au milieu des grands, condamnée à jouer avec son lapin en peluche.

Ces petites tranches de vie sont mises en images par Sylvain SAVOIA, découvert avec le tout autre univers de Nomad, et compagnon de Marzena.

D'un trait simple et souple il brosse portraits et paysages, mettant l'accent sur les grands yeux de l'héroïne et sur les traits exagérés des adultes vus à hauteur d'enfant. Son dessin se fait presque parfois trop simpliste, peut-être mû par cette volonté de tout raconter et montrer du point de vue de la petite Marzi.

L'immuable gaufrier de six cases scande parfaitement les jours monotones de la fillette tandis que la palette plutôt froide nous transis comme les personnages.

La Pologne que nous présente Marzi n'est ni accueillante ni chantante et, malgré les jeux d'enfants, on sent une lourde chape peser sur toutes les épaules.

Seul moment de grâce : la journée à l'école, présentée comme un havre de paix et d'attention portée aux enfants.

Sans être ni très drôles ni très tragiques, les histoires courtes de ce tome 1, Petite carpe, dessinent une histoire finalement très proche des images que je me faisais de ce pays à cette époque.

Le point de vue enfantin n'offre pas de recul et livre des faits en toute subjectivité, ce qui fait leur intérêt autant que leur limite. Le dessin efficace mais finalement un peu fade laisse la même impression, d'ailleurs...

Les souvenirs des jeux d'enfants ou des rapports aux adultes peuvent faire écho à ceux des lecteurs trentenaires mais difficile de savoir si le propos pourrait intéresser les plus jeunes, à qui l'album semble finalement s'adresser.

Chronique d'une enfance douce-amère au pays de la privation et des contraintes (morales, sociales, alimentaires...) Marzi semble renforcer les clichés. De quoi plaindre encore davantage ces générations usées ou rechercher d'autres sons de cloche - s'il y en a.

Je tenterai peut-être d'en lire la suite par curiosité plus que par intérêt profond.

Champimages qui donnent froid.

Marzi T1
Marzi T1
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