Que voilà un titre qu'il est beau ! Et pas uniquement parce qu'il fait écho à un prénom qui me tient à coeur...
Un titre aux lettres grasses, épaisses... Un titre qui bouge, qui envoie, qui en jette. Qui apostrophe le lecteur et lui annonce contenu explosif qu'il tient dans les mains...
Fais péter les basses, Bruno ! est en effet un condensé d'énergie : pas un temps mort dans cette histoire de braquage parfaitement orchestrée par le grand BARU - qui n'a pas été promu Grand Prix du Festival BD d'Angoulême 2010 pour rien !
Tout commence et tout finit quelque part en Afrique, dans un petit village qui vit au rythme des touristes et des matches de foot des enfants. Slimane, petit prodige du ballon rond, repéré par un joueur en vacances, décide de tenter le grand voyage en clandestin vers la France...
Quel rapport avec Zinédine, fraîchement sorti de prison, boule à zéro et boule de haine qui veut mettre sur pied un casse sur les conseils d'un co-détenu ? Quel rapport avec Fabio, Gaby et Paul, vieux de la vieille à qui on ne la fait plus mais qui se sont rangés des voitures et des camions blindés ?
Sans compter la large galerie de seconds rôles qui défilent, s'en vont, viennent, en un touchant ballet humain...
Voilà un des incroyables talents de BARU : mêler les destins les plus divers avec justesse, humour, tendresse. Deux générations de malfrats - placés, dès la page de garde, sous l'exquise égide de Georges L. et Michel A., entre autres - une rasade de constat social - l'immigration clandestine, la vie des sans-papiers - et la vie de tous les jours, à pleines mains, à pleines dents, de la petite équipe de foot de campagne aux rues encombrées des villes.
Tout s'enchaîne à toute vitesse, sans fausse note, sans baisse de rythme, et l'on s'attache même à celles et ceux que l'on ne croise que le temps d'une image ou deux, telles les trois tenancières de la grande casse où Slimane a trouvé refuge...
BARU sonne juste et fort, et son trait énergique sert parfaitement cette histoire à perdre haleine : dessins parfois minimalistes, lignes anguleuses, visages facilement expressionnistes... Sans oublier les dialogues ciselés à la perfection.
De la BD efficace, attachante, prenante, poignante, jusqu'à la dernière case.
BARU est un grand. Un très grand. Parce qu'il a toujours fait une place d'honneur aux plus petits.
Merci à lui.
(Une BD de la sélection d'octobre 2010 de Raging Bulles).