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Cases dans le vent

Vous n'êtes pas sans savoir que, depuis quelques mois, je rédige des biographies d'auteurs de BD pour des l'encyclopédie en ligne des Editions Larousse.

Afin de vous permettre de retrouver plus rapidement l'ensemble de mes contributions, je vais essayer de les lister ici dans l'ordre de leur parution.

Bonne lecture, et n'hésitez pas à me laisser vos avis !

Champi à tout vent

David B. - Edgar .P. JACOBS - Bob de MOOR - Benoît PEETERS - François SCHUITEN - René GOSCINNY - Astérix - Manu LARCENET - HERMANN - Robert CRUMB - Osamu TEZUKA  - Jean-Pierre GIBRAT -





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30 novembre 2010 2 30 /11 /novembre /2010 06:40

La position du tireur couché - CouvertureIl me semble que Jacques TARDI fait partie de ces Grands Anciens qui distillent les albums avec une telle régularité et une telle maestria qu'on finirait presque par ne plus les remarquer, malgré les grandes campagnes publicitaires et les tonitruantes pré-publications dont ils bénéficient.

Pourtant, une telle longévité et un tel succès ne s'expliquent bien souvent que par un immense talent à la fois profondément établi et en perpétuelle réaffirmation.

C'est le cas du grand Jacques qui, avec la Position du tireur couché, nous livre un de ces noirs bijoux dont il a souvent émaillé sa production hétéroclite.

 

Entrée en matière dans le vif - plus pour très longtemps - du sujet : une camionnette, une rue la nuit, un couple qui marche, un coup de feu étouffé, des cris, un nouveau coup de feu, puis le silence. Le froid et implacable ballet de la mort tarifée s'invite dès les deux premières pages, avec une efficacité et une organisation presque chorégraphiques.

Martin Terrier, dit "Monsieur Christian", dans le milieu, pense en avoir fini de sa parenthèse violente avec ce dernier meurtre. Il n'aspire plus qu'à se mettre au vert, si possible auprès de sa blonde.

Mais Martin semble avoir oublié que la vie n'est jamais simple, surtout pas quand on fréquente les organisations criminelles, et encore quand on est con - ce que bon nombre de gens n'ont de cesse de lui rappeler au fil des pages.

 

Le retour au village d'antan ne se fait donc pas sans heurts : ses anciens employeurs n'entendent pas le laisser filer aussi facilement, la famille d'anciennes victimes est sur ses traces, et ses amis et amour d'autrefois ont suivi des voies qu'il n'attendait pas...

Le repos auquel aspirait ce "tireur couché" risque surtout de s'apparenter à une sortie les deux pieds devant...

 

Pour la troisième fois, TARDI vient fleurter avec l'univers du romancier  Jean-Patrick MANCHETTE. Après Griffu, une collaboration, puis Le Petit Bleu de la côte ouest, une adaptation, La position... en est une autre (en attendant celle de Nada, autre roman de MANCHETTE sur lequel TARDI travaille actuellement, et dont la couverture est glissée, en hommage, dans certaines cases de La position...). TARDI a toujours aimé côtoyer la littérature (souvenons-nous de ses illustrations de trois romans de L-F CELINE), et encore plus le polar (souvenons-nous des Nestor Burma). S'il reconnaît qu' "(il est) venu à l'adaptation de romans parce qu'à l'époque (il) trouvai(t) les scénaristes de bande dessinée un peu faiblards"*, il reconnaît que "les romans de Manchette deviennent intéressants car on regarde les années 70 comme auparavant les années 50"* : avec un besoin de documentation.

 

Graphiquement, on retrouve en effet le TARDI historien qui se promène entre toutes les époques parisiennes depuis des décennies : décors, vêtements, véhicules, unes de journaux... Tout est réuni pour ancrer le récit dans une réalité d'autant plus prégnante que l'actualité politique dessine la toile de fond de La position... Martien Terrier se retrouvant au centre de rouages qui le dépassent largement.

Entre village et capitale, TARDI campe, avec son inimitable trait, des personnages massifs et hiératiques qui grincent un drame inéluctable où le blanc faussement domine. Car le roman noir porte bien son nom bien que maculé de rouge sang : les moindres détails ancrent le récit dans la boue du réel, et la violence presque ordinaire rappelle combien la vie est dure.

 

Etrange destin que celui de ce "tireur" qui, en quelques jours, revisite les dix dernières années de sa vie, faisant bien malgré lui le sordide bilan de sa vacuité, et quelque part de l'incapacité à s'éloigner des sentiers tortueux tracés par le destin. Est-ce le roman, qui est noir, ou juste la vie, en fait ?

 

Champimages à bout portant. 

 

*Extraits d'une interview fournie dans le dossier de presse

 

La position du tireur couché - Extrait

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