Me voilà de nouveau confronté à un exercice délicat : évoquer un livre dont je connais l'auteur.
Après Opéra café , voici donc La traversée, de Laurent GIRERD, un ami (enfin, je crois !) que je pourrais qualifier avec deux mots : douceur et érudition. Entre autres.
Nous voilà donc au coeur du désert et du IV° siècle, dans un fortin romain, loin de tout.
Au fil de cinquante-huit très courts chapitres, brossés chacun presque comme des poèmes, le narrateur, membre atypique de la garnison en poste dans cet étrange morceau d'empire, relate son inattendue errance, sa traversée toute personnelle...
Difficile de parler d'un livre aussi court sans en déflorer la magie et la poésie.
Chaque mot, chaque phrase ont un haut pouvoir évocateur, et dessinent sur le désert de la page les mirages de la littérature. Entre le sable aux grains de folie et le ciel étoilé comme un rêve, notre soldat, au fil de l'attente, multiplie les rencontres et les voyages, même les plus improbables. De ceux dont on ne se remet jamais.
"J'ai tellement souvent répété ton nom que ton nom dans ma bouche est devenu ma langue maternelle !"
Comme une chaude et douce berceuse une nuit au creux des dunes, au creux des mots. Jamais très loin de la folie.
Champittéraire.