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  • : La Tanière du Champi
  • : La Tanière du Champi se veut un lieu où l'on se sent bien pour lire (surtout des BD !), discuter, jouer... Au gré des humeurs, lectures, heures de jeu, j'essaierai de vous faire découvrir tout ce qui se cache sur les étagères poussiéreuses de ce petit mo
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Cases dans le vent

Vous n'êtes pas sans savoir que, depuis quelques mois, je rédige des biographies d'auteurs de BD pour des l'encyclopédie en ligne des Editions Larousse.

Afin de vous permettre de retrouver plus rapidement l'ensemble de mes contributions, je vais essayer de les lister ici dans l'ordre de leur parution.

Bonne lecture, et n'hésitez pas à me laisser vos avis !

Champi à tout vent

David B. - Edgar .P. JACOBS - Bob de MOOR - Benoît PEETERS - François SCHUITEN - René GOSCINNY - Astérix - Manu LARCENET - HERMANN - Robert CRUMB - Osamu TEZUKA  - Jean-Pierre GIBRAT -





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29 octobre 2010 5 29 /10 /octobre /2010 07:04

Black-Hole---Couverture.jpgJ'avais déjà brièvement évoqué la bande dessinée Black Hole il y a quelques années - damned ! Que cette formule me fait prendre conscience de l'âge presque canonique de cette Tanière ! - à propos de sa possible adaptation cinématographique. Si le film n'est toujours pas sorti, ma participation à K-BD m'a permis de me plonger dans ce petit pavé qui m'attendait depuis plus d'un an sur mes étagères.

 

Nous voici donc quelque part dans une petite ville anonyme des Etats-Unis... Des lycéens, des bières-parties, des joints qui tournent et font tourner, des sentiments amoureux non partagés, les premières relations sexuelles...

Tout commence en cours de biologie, durant la dissection d'une grenouille. Keith, en binôme avec Chris - "une fille super mignonne" - se penche sur la fente qu'il vient de dessiner sur le ventre boursouflé du batracien... et tombe dans les pommes. Le voilà submergé par des visions cauchemardesques et presque prophétiques : corps déchirés, objets éparpillés, déchiquetés, et la présence récurrente d'une créature serpentine ou vermiforme qui s'enroule sur elle-même tout en s'immiscant partout.

 

Le trouble est jeté.

Il va se changer en malaise au fil des pages, tandis qu'un mal étrange mais connu de tous se propage parmi les jeunes gens : la crève.

Ni toux, ni fièvre. Mais d'abominables transformations physiques qui poussent à fuir la compagnie des "normaux" pour se réfugier dans les bois : visage difforme, peau fripée, ouverture béante sur la poitrine...

Une étrange cour des miracles a établi ses quartiers sous les arbres tranquilles de ce coin de bois reculé, où seuls quelques fumeurs discrets viennent aussi s'isoler. Tentes branlantes, feu de camp fédérateur, et ces étranges assemblages d'os de poulet, de bois, de ficelle, de photos de corps féminins nus et de membres de poupées désarticulées...

 

Rien de très chantant dans les Etats-Unis de Charles BURNS. Dans un décor d'une effrayante intemporalité - pas d'ordinateurs, pas de téléphones portables, tout au plus une télévision de temps en temps, et surtout de la drogue, des voitures et de l'alcool - des adolescents en perte de repères se cherchent, mais ne trouvent que la fuite par la fumée ou la maladie déformante.

Cruel passage à la vie adulte, cruelle métaphore d'une puberté aliénante, plongée dans l'inconnu et face-à-face terrible avec l'autre tour à tour horrible et fascinant.

BURNS sait distiller l'angoisse et l'horreur sans sombrer dans le grandguignol : tout est mesuré, retenu, tracé dans un style surligné presque trop propre, une sorte de ligne claire à gros traits envahie par des ombres omniprésentes et d'une terrible épaisseur.

Le moindre objet, le moindre lieu, le moindre visage se peignent d'une noirceur dévorante et se nimbent du froid du néant.

Le trou noir est partout, aspirant et dévorant inlassablement les corps et les coeurs de celles et ceux qui passent à sa portée.

 

Chronique d'une adolescence en perdition, Black Hole est aussi une pongée dans l'horreur du quotidien, dans l'indifférence des contemporains, dans ces infimes moments où tout bascule à jamais.

Monde des adultes distant et sourd, monde des ados fuyant ou cruel... Même la nature, qui se fait parfois refuge - le couvert des arbres, la caresse de l'eau - se change en labyrinthe hallucinatoire, jonché de visions morbides et de fragments d'une réalité à jamais agressive.

 

Revendiquant la forte influence que Art SPIEGELMAN a pu avoir sur lui, Charles BURNS est aussi à rapprocher de Daniel CLOWES, autre grand peintre d'une jeunesse sans avenir.

 

L'avenir est triste.

La chair est triste.

Ne restent que des fragments.

Et l'immuable voûte étoilée.

 

Champimages sombrant dans l'ombre.

 

Black Hole - Extrait 2

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