Au milieu des expérimentations jardinières plus ou
moins réussies (et souvent plus que moins ! ) de mon balcon est apparu un buis.
Pas innocemment, anodinement, porté par le vent, grandi au creux d'une fissure.
Plutôt au coeur d'un petit pot, belle boule de verdure, soleil végétal qui me guette à travers la fenêtre de la cuisine.
Espérons que la pollution du centre ville n'aura pas raison de lui.
Végétal assoiffé, le buis bois beaucoup.
Afin de ne pas le malmener, je l'arrose de près.
De très près, même.
Suffisamment près pour pouvoir profiter de son odeur.
Une odeur forte, profonde, comme si chaque feuille renfermait un sous-bois.
Une odeur qui peint sur les murs de ma mémoire les cueillettes de champignons, les balades du dimanche, un peu de pluie sur un jardin.
Une odeur jaillie du fond de ce bois qui prend le temps de s'étoffer, lentement, sûrement, avec cette patience naturelle qui fait de chaque buis du bord de nos routes un vénérable témoin de nos
passages trop rapides.
Pour l'heure, il est surtout le témoin des petits plats mijotés et de la vaisselle quotidienne.
C'est déjà un début.
Et je sens, souvent, son regard feuillu posé sur moi, amical, tranquille.
Un regard qui m'invite à l'arroser, et à me poser quelques secondes près de lui.
Pour profiter de sa sagesse, de sa lenteur, de sa concentration.
Merci, petit buis, pour ces quelques secondes quotidiennes.
Et à demain, sans faute.
Champi des bois