Après avoir lu avec attention
la petite biographie d'
Osamu TEZUKA que j'ai écrite, vous avez dû vouloir vous plonger dans ces oeuvres.
En voici une parmi les premières :
Lost World.
Dans la postface, l'auteur nous apprend qu'il ne s'est pas inspiré du roman de
CONAN DOYLE, juste de son titre. Lequel lui a inspiré quelques idées proches de celles de son prédécesseur. Les
grands esprits se rencontrent.
Lost Worl raconte donc l'histoire d'une météorite,
mamango, ancien fragment de la Terre parti errer dans l'espace, et qui s'apprête à de nouveau croiser la route de la
planète bleue.
Persuadé que cette météorite est la source des mystérieuses et puissantes pierres d'énergie qu'il a pu récupérer, le très jeune
professeur Shikishima décide de monter une expédition pour
aller étudier l'astre errant.
Mais d'autres personnes moins bien attentionnées entendent s'emparer de ces pierres, également...
La présence de
l'Inspecteur Moustache sera-t-elle suffisante pour empêcher que le pire n'arrive ?
Une telle présentation devrait vous avoir convaincu que
Lost World s'inscrit dans une veine feuilletonniste qui peut paraître aujourd'hui désuète. Et il est vrai que l'histoire,
souvent décousue, suit le rythme effréné de ces récits-là.
Mais en la remplaçant dans son contexte, on peut constater que ce livre est important à plus d'un titre dans la carrière d'
Osamu TEZUKA.
Il fait partie des premières longues histoires réalisées par le mangaka.
Comme bien souvent, il l'a réalisée une première fois alors qu'il n'était qu'au collège.
Il l'a ensuite redessinée à plusieurs reprises, afin de pouvoir la faire éditer d'abord pour un jeune public, ensuite pour un public plus adulte - ce qui n'a parfois pas été sans engendrer
certaines incohérences.
Ensuite, on peut apprendre, cette fois grâce à une note de l'éditeur, que l'oeuvre a été réalisée par deux graveurs différents... La reproduction des images se faisait donc, à la fin des années 40
au Japon, suivant la technique de l'eau-forte, sur plaques de zinc. Deux graveurs signifient... deux adaptations du trait de
TEZUKA, donc des différences graphiques entre la première et la
deuxième partie...
Enfin, on peut trouver dans cette oeuvre tout ce qui fait l'essence de la plupart de ses autres créations : un intérêt marqué pour la science, qui prend la forme de certaines parties très
pédagogiques ; un sens de la mise en page non conventionnel, qui n'hésite pas à étaler sur des doubles pages des compositions originales ; un attrait pour l'animation qui dynamise bon nombre
d'actions, et qui lui fait mettre en scène des personnages animaliers ; l'introduction du tragique dans une production destinée à la jeunesse et, de fait, peu habituée à cela.
Autant d'éléments qui nous confirment le talent de
TEZUKA, et l'impact qu'il a pu avoir sur la production des bandes dessinées au Japon.
Salutaire.
Champimages du bout du monde.