Derrière cette vaste couverture
bleue et ces étranges poissons asiatiques se cachent deux adolescents, Nancy et Simon, qui traînent leur ennui dans une petite ville aux Etats-Unis, leur
principale activité étant de rester dans des cafés à regarder les gens passer et à en parler... avec acidité.
Et là, à l'arrêt de bus juste en face, le passé de Simon s'invite sans prévenir.
Sans parler des lettres d'amour que Nancy reçoit alors qu'elles sont destinées à l'ancienne locataire de son logement...
Deux grains de sable qui suffisent à enrayer les vies plutôt monotones des deux compères.
Avec humour et sensibilité, Derek KIRK KIM, artiste d'origine coréenne, se livre, dans Same Difference, à une chronique douce amère de l'adolescence
étasunienne, à la manière de Daniel CLOWES dans Ghost World. Une certaine froideur en moins (heureusement !), mais avec un même désenchantement qui nous
ferait presque apprécier le fait d'avoir passé notre jeunesse de ce côté-ci de l'Atlantique : désoeuvrement, vies sclérosées, longues rues de banlieue... La mer elle-même semble ne pas pouvoir
égayer tout cela.
Quant aux erreurs et regrets de jeunesse, ils semblent aussi forts là-bas qu'ici, et nous rappellent combien certains âges sont plus cruels que d'autres, pour nos proches comme pour
nous-mêmes.
Heureusement que les touches d'humour permettent, par moment, d'atténuer cette sourde vibration qui nous emplit au fil de la lecture, et qui fait se recroqueviller, tout au fond de nous, cette
irréductible part du passé...
Champimages qui résonnent.