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PrÉSentation

  • : La Tanière du Champi
  • : La Tanière du Champi se veut un lieu où l'on se sent bien pour lire (surtout des BD !), discuter, jouer... Au gré des humeurs, lectures, heures de jeu, j'essaierai de vous faire découvrir tout ce qui se cache sur les étagères poussiéreuses de ce petit mo
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Cases dans le vent

Vous n'êtes pas sans savoir que, depuis quelques mois, je rédige des biographies d'auteurs de BD pour des l'encyclopédie en ligne des Editions Larousse.

Afin de vous permettre de retrouver plus rapidement l'ensemble de mes contributions, je vais essayer de les lister ici dans l'ordre de leur parution.

Bonne lecture, et n'hésitez pas à me laisser vos avis !

Champi à tout vent

David B. - Edgar .P. JACOBS - Bob de MOOR - Benoît PEETERS - François SCHUITEN - René GOSCINNY - Astérix - Manu LARCENET - HERMANN - Robert CRUMB - Osamu TEZUKA  - Jean-Pierre GIBRAT -





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21 juin 2012 4 21 /06 /juin /2012 10:07
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20 juin 2012 3 20 /06 /juin /2012 10:12

Alexa MEADE - Spectacle 3

 

Alexa MEADE, Spectacle 3.

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19 juin 2012 2 19 /06 /juin /2012 09:56

La Nerthe à Contrebandes

Toulon qui lit n'est pas mort, malgré la fermeture de deux librairies il y a un peu plus d'un an seulement. Mais Contrebandes, dont je vous parle ici si souvent, entretient encore et toujours le flambeau du beau livre, du livre étrange, du livre inattendu, du livre introuvable, du livre qui n'aurait jamais dû être écrit, du livre surprise...

 

Toulon qui écrit et édite continue de tenir, également, malgré les tempêtes qui balaient la culture plus fortement et plus sûrement que les typhons tropicaux.

Les Editions de la Nerthe en sont la preuve : discrètes mais exigeantes, rares et pertinentes, elles continuent leur travail de fond.

 

Les deux institutions toulonnaises ont déjà fait oeuvre commune.

Elles récidivent samedi 23 juin 2012, à partir de 15h, à la Librairie, en présentant la nouvelle collection de l'éditeur varois : "La Petite Classique de la Nerthe".

 

Tous les détails, titres et auteurs, sont ici.

 

En prime, vous pourrez profiter de la belle expo "posters pop rock sérigraphiés" qui enchante les murs de la librairie.

 

Des mots, des images... Le rêve, quoi !

 

Champi qui lit

 

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19 juin 2012 2 19 /06 /juin /2012 09:21

Raging Bulles - Logo

 

Dernier rendez-vous de l'année scolaire 2011-2012 en vue pour nos débatteurs acharnés !

Même heure, même endroit, nous vous attendons jeudi 28 juin 2012 à partir de 19h à la Cave de Lilith, rue Paul Lendrin, pour un dernier de tour de piste BD avant les vacances.

Parler livres devant un bon verre de blanc bien frais, que demander de plus pour la saison ?

 

Au programme :

 

SAKUISHI Harold, 7 Shakespeares, Delcourt.

 

LECROART Etienne, Contes et décomptes, L'Association.

 

CHIAVINI Lorenzo, Furioso, Futuropolis.

 

BLONDET Anaïs, Je suis bourrée mais je t'aime quand même, Onapratut.

 

 BRÜNO, Lorna, Treize Etrange.

 

JENSEN Jeff &  CASE Jonathan, Le tueur de la Green River, Ankama.

 

Bonne lecture !

 

 

 


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16 juin 2012 6 16 /06 /juin /2012 12:18

Mariel CLAYTON - She loves dinners parties

 Mariel CLAYTON - She loves dinner parties... - 2011

 

Une oeuvre qui pourrait évoquer

 

FORSYTHE - Food Chain Barbie 2

Tom FORSYTHE -  Food Chain Barbie - 1998

 

ou plus récemment

 

Jessica HARRISON - Charlotte - 2010

 

Jessica HARRISON - Charlotte - 2010

(vue à la (d)étonnante) exposition Hey !, à la Halle Saint Pierre)

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13 juin 2012 3 13 /06 /juin /2012 08:52

Le roi des mouches T1 - Couverture"Des mouches à la mi-octobre, voilà la première chose dont je me souviens. Des mouches et une chaleur à crever. (...) J'étais le roi. Sa majesté des mouches, disait ma mère - allusion à un bouquin qu'elle avait lu."

 

Une pelouse sale. Un vieux fauteuil aux motifs floraux usés. Des mouches à foison. Et au milieu, dans la moiteur d'un été qui n'en finit pas de ne pas finir, Eric. Magazine dans une main, bière dans l'autre, masque de mouche à portée de main pour la fête costumée - rave party qui se prépare pour Halloween.

 

Face à lui, dans un canapé tout aussi élimé, son pote Damien, et Sal, objet de toutes les convoitises, mais qui pour l'heure semble préférer l'autre.

 

La fête ne va pas tarder à commencer.

Alcool, drogue, musique, violence et sexe en perspective.

En voiture. Pour le meilleur, et surtout pour le pire. Et ce ne sont ni la pluie ni la boue qui diront le contraire.

 

Marie, et son père. Denis, et son père. Karine, et Becker, le vieux qui l'emploie. Ringo aussi, et son monologue intérieur. Et la mère d'Eric. Et tous ceux qui leur gravitent autour...

Des ados, des post-ados, des néo-adultes, et leurs familles plus ou moins présentes, plus ou moins collantes, plus ou moins souffrantes, plus ou moins violentes, qui grouillent grouillent grouillent dans ces mornes et morts paysages quelque part au fond des Etats-Unis.

Une communauté morbide, sauvage, d'où la douceur semble avoir été bannie depuis bien longtemps.

Chacun dans sa tête, chacun dans son coin, mais tout le monde finit par se croiser, se disputer, s'embrasser ou se cogner. Comme quoi la moiteur et l'apathie ambiantes ne sont qu'une façade plaquée sur l'orage des passions qui couve derrière chaque regard.

 

Le roi des mouches règne avant tout sur le faux calme avant la tempête, du haut de son trône ridicule uséecomme les conventions qui régissaient l'american way of life. Bienvenue dans le monde d'après, noir et désabusé.

 

Michel PIRUS, au scénario, tricote méticuleusement les mailles serrées de laLe roi des mouches T2 - Couverture toile d'araignée rapiécée dans laquelle ses personnages, pris au piège, n'ont que peu d'espoir. D'histoire courte en histoire courte, il varie les points de vue, et revêt avec talent les différentes vies gâchées qui se heurtent dans cette Amérique anonyme et universelle.

Optant souvent pour la narration à la première personne (le tome 2 est un peu plus bavard que le premier), il déroule, dans une écriture très littéraire, les errances, les folies, les chemins de traverse et surtout les impasses de ces personnages sans âges qui se cherchent mais ne se trouvent pas, qui essaient de s'oublier, en vain, et dont les seuls repères sont des adutes tout aussi perdus qui ont laissé rêves et illusions derrière eux, et qui n'ont pour refuge que la folie ou le silence soumis.

 

Pour tenir tête à un texte aussi fort, aussi noir, il fallait bien le dessin de MEZZO, complice de longue date du scénariste. En trempant sa plume dans un pot de cirage nuit noire, il donne aux personnages et aux décors toute la densité du désespoir, et une certaine raideur. Marionnettes empêtrées dans les fils du destin, ils s'agitent mollement, malgré quelques éclats, écrasés de moiteur et d'implacabilité (ouf !).

Les couleurs, fades à quelques exceptions près, ont elles aussi perdu la bataille. Au mieux saturent-elles aux limites de l'écoeurement, nauséeuses à souhait.

Les cadrages participent de ce malaise permanent, alternant très gros plans sur des visages ou des détails, au plus près, au trop près, et cache-cache derrière des éléments du décor (grillage, végétation...). Quand trop de personnages peuplent le même espace, ils se figent, théâtraux, engoncés dans leurs rôles, face à un lecteur qui ne peut en rester là.

Quant à la chair, toujours triste, souvent glauque, elle semble grise et froide, mécanique et amnésique. Loin les sensations douces. Loin le bonheur.

 

Définitivement sous influence étasunienne - Daniel CLOWES, Charles BURNS ne sont jamais bien loin - MEZZO et PIRUS brossent, avec Le roi des mouches, le portrait au noir de personnages brisés dans une société brisée. Un peu d'ironie, beaucoup d'amertume, et surtout cette sensation de réalisme qui remue encore plus les tripes.

Les adultes ont perdu pied, les ados ne sont que labyrinthe, et les rares enfants ont déjà du souci à se faire.

 

Pas étonnant, dès lors, que la plupart optent pour la fuite. Dans la folie, l'alcool, la violence, le sexe, la drogue. Ou la fuite sur Mars, pour ceux qui le peuvent.

 

"Du moins nous feront semblant d'y croire."

 

Champimages du monde perdu.

 

Le roi des mouches T1 - Extrait 1

 

Le roi des mouches T2 - Extrait 1

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13 juin 2012 3 13 /06 /juin /2012 08:49

14 mai 12 - Rocbaron

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6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 07:52

Ric Remix - Couverture"1. Au sens large du terme, le détournement est une remise en jeu globale.


2. Les deux lois fondamentales du détournement sont la perte d'importance, allant jusqu'à la  déperdition de son sens premier, de chaque élément autonome détourné ; et en même temps l'organisation d'un autre ensemble signifiant qui confère à chaque nouvel élément sa nouvelle portée.

 

3. Le détournement est un jeu dû à sa capacité à la dévalorisation. Tous les éléments du passé culturel doivent être réinvestis ou disparaître."

 

Entrée en matière bien radicale pour Ric Remix, orchestré par DJ VANDERMEULEN, comme indiqué sur la couverture. Du passé faire table neuve ou table rase.

Le passé culturel pris ici pour cible est l'ensemble des albums de Ric Hochet, célèbre héros franco-belge qui a enchaîné entre 1963 et 1998 près de soixante aventures.

Héros assez conventionnel vivant des aventures plutôt classiques - dans mon souvenir en tout cas - le détective constituait une cible de choix pour les détourneurs.

 

"Les rires de TIBET à la lecture de ce projet m'accompagnent encore ; ce livre lui est dédié. (...)

Je remercie également mon ami Philippe MALEMPRE, qui fut le premier à mesurer tout le potentiel comico-violent de la série Ric Hochet."

 

Voilà donc le coeur du sujet : plonger au sein de tous les albums de TIBET et DUCHÂTEAU pour en offrir une relecture globale et transversale, à travers une sélection d'images choisies en fonction de certains critères.

Procédé nommé "réduction" par Thierry GROENSTEEN dans OuBaPo OuPus 1.

La réduction peut être mécanique (ne retenir qu'une case sur 5, par exemple) ou raisonnée, ce qui est ici le cas : David VANDERMEULEN a retenu les grands thèmes récurrents de la série Ric Hochet et les a compilés pour en faire un nouvel album.

 

Le retour à la maison - La douche -  Les coups à la porte - Les coups au visage - Les chutes - Les noyades...

La liste est longue, et le nombre de cases entrant dans chaque catégorie aussi, preuve que les deux auteurs n'ont jamais ménagé leur héros.

Et la répétition, loin d'être ennuyeuse, est en effet très drôle : pas de répit pour Ric Hochet, qui encaisse preque sans broncher avalanche de coups, de chutes, d'explosions, et de tout ce qui peut se rapprocher de près ou de loin d'une commotion (peu de sang en revanche : la série reste grand public de bout en bout).

 

Mouvements, onomatopées, regards sur-expressifs : la relecture de VANDERMEULEN met en avant toute la panoplie des codes déployés dans la BD d'action.

 

Faudrait-il y voir une volonté de railler un genre qui pourrait aujourd'hui passer pour désuet et usé ?

Assurément pas, comme l'auteur l'indique dans la courte préface, et surtout comme il l'évoque à travers les couvertures et les têtes de chapitres, où les deux figures emblématiques du Pop'Art, Roy LICHTENSTEIN et Andy WARHOL sont convoquées : cases surdimensionnées, trames évidentes, série et répétition...

Le ton est donné : à l'instar des deux artistes étasuniens, David VANDERMEULEN, en relisant, démontant et remontant la série Ric Hochet, en a certes offert une relecture critique, mais lui a surtout insufflé un rythme et un humour lui apportant une seconde jeunesse.

Pas étonnant que les deux auteurs originels aient accueilli avec enthousiasme ce projet.

Pas étonnant non plus que le Lombard, éditeur historique des aventures du détective à la veste blanche, ait accepté d'éditer Ric Remix (et sans doute pas uniquement pour des questions de droit).

 

Tout en montrant son attachement à un personnage et aux mille et une manière dont il a été malmené par ses auteurs, VANDERMEULEN nous propose aussi, par la sériation et la répétition, une réflexion sur la bande dessinée, art de la répétition et du système s'il en est.

Objectif doublement rempli, donc.

 

Dans OuBaPo OuPus 1, Gilles CIMENT s'était livré au même exercice sur l'album Les Cigares du Pharaon. Il serait intéressant de voir ce que pourrait donner le procédé appliqué à l'ensemble de la série Tintin.

Mais pas sûr qu'éditeur et surtout ayant-droits fassent montre du même enthousiasme pour un tel projet.

Dommage.

Car cela permettrait d'offrir au public une relecture autrement plus riche que celle proposée par SPIELBERG l'an dernier.

 

ChampiBaPo

(j'en profite d'ailleurs pour créer une nouvelle rubrique sur le sujet).

 

Ric Remix - Extrait

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6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 07:20

Le jeu des nains - BoîteJe vous l'accorde : ces nains ressemblent surtout à des lutins. Mais ce sont les aléas de la traduction.

Enfin, nains ou lutins, qu'importe : ils portent de jolies tuniques et des grands chapeaux pointus, et font des cabrioles plutôt rigolotes.

 

Mais à quoi jouent-ils exactement ? A une sorte de cache-cache, mettant à l'épreuve notre sens de l'observation et notre rapidité.

Ils sont 56, dessinés sur des tuiles cartonnées épaisses et solides, répartis au centre de l'espace de jeu.Le jeu des nains - Intérieur


A tout de rôle, chaque joueur lance trois dés qui indiquent des couleurs : rouge, bleu, vert, jaune, rose, violet. Dès qu'une combinaison de trois couleurs apparaît, c'est à celui qui sera le plus rapide pour retrouver l'unique lutin porteur de ces trois couleurs.

 

Ca va vite, très vite, on s'arrache parfois les cheveux quand on ne trouve pas le nain qui convient alors qu'il était juste sous nos yeux...

 

Dès qu'un joueur trouve le bon nain, il le place devant lui, marque un point, et la partie continue, jusqu'à ce qu'une combinaison déjà sortie repointe le bout de son nez. On fait alors les comptes.

 

Petite variante : pour gagner, les joueurs fixent au préalable un nombre de nains à atteindre. Tant que ce nombre n'est pas atteint, on peut, si une combinaison déjà apparue ressort, essayer de piquer le nain correspondant à son propriétaire, à moins que celui-ci n'ait été assez rapide pour le protéger.

 

Des parties courtes et rythmées et, comme bien souvent avec ces jeux-là, les enfants sont souvent plus doués que les parents...

 

Champiludi

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5 juin 2012 2 05 /06 /juin /2012 08:49

Atar Gull - CouvertureJ'ai eu Atar Gull entre les mains il y a déjà quelques mois, à l'occasion d'un de nos Ragings Bulles. A la croisée du travail de deux auteurs de talent, Fabien NURY et BRÜNO, j'en avait entamé la lecture avec enthousiasme. Et l'avait achevée déçu... D'où mon silence ici, à ce sujet.

Pourtant, mes consoeurs et confrères de K-BD m'ont convaincu de me replonger dans cet album pour le thème du mois de juin : la vengeance.

 

Retour, donc, sur Atar Gull, ou le destin d'un esclave modèle, nouvelle preuve, s'il en fallait, que la vengeance ne connaît aucune limite, dans le temps comme dans l'espace.

 

Afrique-Amérique-Europe. Les trois sommets d'un bien funeste triangle que les géomètres européens mirent en place très vite après avoir foulé le sol outre-Atlantique. Le Nouveau Monde offrait en effet de vastes horizons à cultiver, mais manquait cruellement de main d'oeuvre - décimée par les conquistadores et les maladies inconnues qu'ils véhiculaient.

Fort heureusement, l'homme moderne et cultivé ne manquait pas de ressources. L'Amérique manquait d'hommes ? L'Afrique en regorgeait. Ne restait qu'à se servir.

 

C'est ce que Claude Borromée Martial Benoit   s'apprête à faire, comme bon nombre de ses collègues marchands. Acheter une bonne cargaison de "nègres, négresses et négrillons", en échange d'armes, de poudre, de plomb, de fer, et d'un peu de verroterie, lui faire traverser l'océan en espérant avoir le moins de "déchet" possible, et revendre les meilleurs pièces - ou en tout cas les survivantes - sur les marchés jamaïcains où la main d'oeuvre à la peau d'ébène s'arrache à prix d'or.

Oh, ne jugez pas ce sordide marchand d'hommes : il ne le fait que pour sa belle Catherine et pour l'avenir de leur enfant. Les esclaves sont la marchandise la plus rentable du moment, alors pourquoi s'en priver.

Surtout que le lot que lui a remis le roi des Grands Namaquas contient une pièce de choix : Atar Gull, le chef des Petits Namaquas. Colossal, silencieux, joues scarifiées, regard brûlant de haine. Assûrément les riches propriétaires jamaïcains se l'arracheront.

 

Voilà donc le fils du chef des Petits Namaquas, qui a juré de ne jamais pleurer, emporté contre son gré au-delà de l'océan, avec les siens. Encalés dans à peine mieux que des cercueils, mal nourris, malmenés, ils savent que peu d'entre eux arriveront à bon port, même si rien de bon ne les y attend.

 

Mais la route est longue jusqu'aux Amériques. Suffisamment pour attiser la colère, la haine, et l'envie de vengeance d'Atar Gull.

Trop longue aussi pour un petit vaisseau de commerce offert aux prédateurs des mers qui n'ont pas besoin de battre pavillon squelettique pour faire rôder la terreur et la mort.

 

Qu'importe la manière, une fois pied à terre, les rares esclaves survivants constituent des pièces de choix pour les planteurs de la Jamaïque. Comme prévu, Atar Gull fait un parfait "mandigo". Attentif, débrouillart, et surtout parfait comédien, il attend son heure. Patiemment. Jusqu'à ce qu'il découvre qui son "bon maître Will" a fait pendre un beau matin. Belle montre à gousset en main - un cadeau de son si bon maître - il passe enfin à l'action. Difficile alors d'arrêter un feu qui couvait depuis si longtemps. Et tant pis si les dégats sont plus étendus que prévus...

 

Croisé dans des récits souvent historiques - mâtinés de fantastique, comme Légion, ou pas, comme Il était une fois en France - Fabien NURY se penche ici sur une période riche et sordide de l'histoire du monde, et surtout des Européens.

Puisant chez Eugène SUE la matière de son histoire, il met en scène la complexité des intérêts humains dans un monde qui, pour la première fois quasiment, se mondialise vraiment. Sans manichéisme, il décortique les motivations de chacun, non pour chercher à racheter leurs pires exactions, mais davantage pour comprendre comment, à partir d'un certain système de pensée, on peut être amené à commettre en toute légitimité - pour soi - ce qui aux yeux des autres passera pour la pire barbarie...

Commerçant, pirate, planteur... Tous ont leurs bonnes raisons, quelles qu'en soient les conséquences.

Atar Gull seul semble peut-être échapper à cette complexité : prêt à tout pour survivre, il est avant tout mû par une force primale, presque sauvage, qui finit par l'aveugler, puis le dévorer.

 

Pour contre-balancer la gravité du propos et l'horreur de certaines situations, le dessin de  BRÜNO, tout en épure, est parfait : ligne très claire, couleurs en aplats tranchés (le travail de Laurence CROIX), mais toujours une grande expressivité, notamment par l'intermédiaire des regards des personnages (notamment celui, incendiaire, du héros).

La BD historique, souvent victime de la profusion des détails "pour faire vrai", y gagne en symbolisme et en intemporalité.

Certains visages ont la beauté des masques anciens (Brulart, Atar Gull), d'autres sont un peu plus fades. Et l'on se demande parfois si BRÜNO n'a pas un peu trop épuré son dessin : non que les cases semblent vides - loin de là ! - mais elles manquent parfois un peu de consistance (alors que, dans mon souvenir, son Nemo était un peu plus dense, tout en gardant son caractère épuré).

 

Ce qui m'a le plus dérangé à l'époque, et qui me dérange toujours, c'est que, malgré une large pagination (plus de 80 pages dessinées !), certaines situations s'enchaînent un peu trop vite, et de manière un peu trop convenue.

Certes, tout s'accélère à un moment donné, mais on reste sur sa faim, et la vengeance a finalement bien moins de sel que tout ce qui l'a précédée.

Manière peut-être pour les auteurs de ne pas s'y complaire, et de faire de leur histoire une fable morale dont personne ne sort indemne et grandi.

Mais peut-être que le dénouement aurait mérité un peu plus d'ampleur pour être plus efficace. Manque de place des auteurs ? Fidélité au texte d'origine ? Il faudra à l'occasion leur poser leur question.

 

Au final, un one shot intéressant mais un peu convenu à mon goût, qui aurait peut-être mérité quelques pages de plus, mais qui, reconnaissons-le, sait traiter une période complexe sans sombrer dans la facilité de la simplification. En cela NURY reste un fin observateur de l'insaisissable nature humaine, et BRÜNO sait la restituer à moindres traits, ce qui la rend d'autant plus percutante.

 

Champimages en demi-teinte.

 

Atar Gull - Extrait 1

 

Atar Gull - Extrait 2

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